Un Rouynorandien en croisade contre les effets des métaux lourds

| 27 mai 2022

Dany Bonapace de Rouyn-Noranda veut outiller les gens de sa communauté quant à l’intoxication aux métaux lourds.

Son objectif est simple, il veut que les citoyens de Rouyn-Noranda puissent savoir qu’ils peuvent exiger un test capillaire de la part d’un médecin pour déterminer leur taux d’intoxication aux métaux lourds.

L’homme d’affaires de 51 ans a résidé toute sa vie à Rouyn-Noranda. Dès l’âge de 13 ans, il dit avoir perdu les deux tiers de ses cheveux. Après avoir constaté un trouble articulaire et, plus récemment, une perte de sensibilité de sa peau, il entame des démarches pour comprendre ce qu’il lui arrive.

Des démarches à long terme

C’est en poussant ses recherches et en s’adressant à des médecins à Houston, puis en s’adressant au département de la Clinique de médecine du travail et d’environnement du CHUM, qu’il apprend qu’une analyse des métaux lourds dans son corps peut être faite, et de façon gratuite, affirme-t-il. Sans confirmation de la gratuité du service, le Centre de toxicologie du Québec (CTQ) fait savoir par courriel que « les services spécialisés d’analyse du CTQ sont encadrés et réalisés à la demande d’un médecin pour une situation clinique ou pour soutenir la prise de décision d’un directeur régional de santé publique de la région lors de menace, de signalement, de maladie à déclaration obligatoire ou d’enquête épidémiologique, au sens de la Loi sur la santé publique ».

En effet, c’est au médecin de faire une requête pour un test capillaire et Dany Bonapace ajoute qu’il est important de demander un test pour tous les métaux lourds, car un individu pourrait avoir plusieurs types de métaux. Il ajoute : « dans mon cas, c’est ça qui été dévastateur émotionnellement. Sur 30 métaux lourds qu’on a analysés, j’en avais 15 en excès, mais pas juste un peu en excès. Y en a que j’ai 6 à 7 fois la dose maximale. Y en a, comme le thallium, que je suis tout près des doses létales qui existent ».

Selon lui, ce sont réellement les tests capillaires qui permettent d’obtenir jusqu’à 40 ans d’historique, alors que les tests sanguins et urinaires, eux, sont utiles seulement en cas d’exposition récente à des métaux lourds.

Le Rouynorandien est en contact avec Dr Harold Pretorius, un expert en endocrinologie, métabolisme et médecine nucléaire aux États-Unis, mais également expert en toxicologie. Les résultats d’analyse d’Expertox de Dany Bonapace sont sans équivoque; le docteur lui soupçonnerait une contamination aux métaux lourds.

Il n’est pas le seul

Lors de son périple à Houston, monsieur Bonapace était accompagné par un ami, Jérémie Monderie-Larouche. L’homme de 39 ans qui a également habité toute sa vie à Rouyn-Noranda décide de faire le test capillaire. Dans son cas également, la quantité de métaux lourds dans son corps est plus élevée que la norme. Par contre, ses chiffres sont moins alarmants que ceux de Dany Bonapace. Il s’agit néanmoins de métaux qui peuvent être nocifs, dont le manganèse, le baryum et le thallium.

M. Monderie-Larouche indique qu’il a des problèmes de santé en lien avec l’alimentation et la fatigue depuis plusieurs années et que les recherches de Dany Bonapace le préoccupent : « On ne m’a jamais parlé des métaux lourds […] est-ce que c’est ça la cause de mes problèmes hors de tout doute? Je sais pas […] Mais quand même, de me rendre compte que oui, ça peut peut-être être ça… c’est ça que je trouve spécial et qui me trouble un peu ».

Un risque non calculé

Après ces résultats de tests, Dany Bonapace entame une médication qui empêche l’oxydation des métaux lourds dans son organisme. Il estime que ce traitement lui a permis de se sentir mieux et de combler une grande déficience vitaminique.

Ses recherches et ses voyages médicaux aux États-Unis qui lui ont coûté entre 6 000 et 7 000 dollars, selon son estimation.

D’ici quelques semaines, pour baisser la quantité de métaux lourds et tenter de diminuer les effets, Dany Bonapace se lance dans un second processus médical, la chélation. Il est suivi de près par une équipe médicale des États-Unis, chapeautée par Dr Pretorius. Par contre, ce procédé pourrait engendrer des conséquences importantes sur la santé qui pourraient être pires, selon lui, que les symptômes des métaux lourds.

Mais le résident de Rouyn-Noranda ne compte pas en rester là, autant pour lui, pour sa communauté que pour ses proches. Il veut mettre toutes les chances de son côté pour ralentir la progression de la toxicité des métaux lourds et il souhaite lancer un appel à la communauté de Rouyn-Noranda de réclamer un test capillaire de tous les métaux lourds pour faire la lumière sur l’enjeu de la santé de la population. Par la suite, il invite la population à acheminer les résultats de tests vers la députation de la circonscription : « si 40 000 personnes envoient des tests avec des fortes toxicités, la députée aura un levier pour influencer les normes environnementales ».

Santé de la population à Rouyn-Noranda

Une étude du comité consultatif de suivi de l’étude de biosurveillance, publiée le 11 mai dernier, fait état de constats préoccupants. Ce comité est constitué de plusieurs personnes, dont des membres du ministère de l’Environnement, de la Fonderie Horne Glencore, du comité de citoyens ARET, du Conseil régional en environnement de Rouyn-Noranda et de la Ville de Rouyn-Noranda. 

Ce rapport indique, entre autres, que l’indice de cancer du poumon est fortement plus élevé à Rouyn-Noranda qu’ailleurs en Abitibi-Témiscamingue, que le pourcentage de personnes atteintes de maladies pulmonaires est plus élevé à Rouyn-Noranda que dans le reste de la province et que le nombre de naissances de faible poids est plus défavorable à Rouyn-Noranda comparativement à l’ensemble du Québec.